Par Maxime Fortin
Mon
histoire commence en avril 2001, quand ma mère a eu son accident de camion
poids lourd. Le 10 avril, l’ex-mari de ma mère prit un virage trop sec à
Saint-Malo, près des douanes américaines. L’arrière de la remorque chavira du côté
passager. Les derniers mots qu’il dit avant de verser, c’était : « Chérie,
accroche-toé, on varse ». À ce moment là, ma mère n’eut pas le temps de
réagir, elle eut juste le temps de se détacher que le camion était versé. De
bons samaritains arrêtèrent pour aider ma mère. Quand l’ambulance arriva, ma
mère venait juste d’être sortie du camion. Elle prit l’ambulance jusqu'à
Sherbrooke, là où elle a été soignée.
Pendant
ce temps, j’étais à l’école, un mardi de
printemps. Au retour de l’école, je m’aperçus que mes grands-parents étaient
chez moi et d’autres autos que je ne connaissais pas. En rentrant, mon père,
l’ami de ma mère, ma tante, ma grand-mère et des gens que je voyais pour la
première fois étaient là. Quand je sus la nouvelle, je… je n’ai plus aucun
souvenir de comment j’ai réagi, mais je sais seulement que je me suis réveillé
à l’hôpital. À la fin de la semaine, moi
et mon frère, on fit nos valises pour aller habiter chez des gens qu’on ne
connaissait pas du tout. Ces gens nous ont sûrement aimés pendant les quelques
mois passés là.
Le
retour de ma mère en septembre m’a paru si long que j'ai eu le temps de m’ennuyer
terriblement d’elle. J’ai pensé à elle presque tous les jours, quand j'étais
seul à l’école. Quelque temps après le retour de ma mère, j’ai remarqué qu’elle
n’était plus comme avant. Elle se levait plus tard, dormait souvent, ne sortait
presque plus... C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à se droguer pour oublier
la douleur et pour passer le temps. L’accident avait réveillé quelque chose en
elle, qui la suivit longtemps.
Quand j'ai eu 9 ans, là, tout s’est déclenché : on déménagea à Saint-Benoît-Lâbre,
dans la Beauce, où ma mère eut ses premières crises d’hyperventilation et où je
vis la police de près. À l’école où je suis allé, les professeurs n’étaient pas
vraiment compréhensifs face aux évènements qui m’arrivaient. Alors, j’ai doublé ma deuxième année, j’ai
fait un petit bout dans ce village avant d’être transféré à l’école Dionne, à
Saint-Georges. Là où j'ai connu ma vraie meilleure amie que j’ai encore
aujourd’hui. À partir de 2003, j’ai connu trois beaux-pères différents et plusieurs
déménagements. J'ai compris que ma mère avait du bien-être social et qu’elle
était invalide.
En
2004, j’étais à l’école Lacroix en quatrième année à Saint-Georges. Ma mère
s’est divorcée et a trouvé un nouveau conjoint, que j’aimais très peu à l’époque.
C’est peu de temps après que moi et mon frère, on a été replacés en famille d’accueil. Après plusieurs familles, on a été confiés à
mes grands-parents. Et c’est finalement en 2005 qu’on est retournés chez notre
mère.
En
2006, on déménagea dans un quartier bizarre de la ville et la police venait
plus souvent chez moi. À cette époque, mon beau-père a fait deux fois de la
prison. Moi, j’ai atterri en cheminement particulier à l’école Aquarelle.
C’était la première fois que je restais dans une école plus de deux ans. J’ai
terminé ma quatrième et ma cinquième année à cette école avec difficulté. À mon
entrée à l’école secondaire, j’ai repris contact avec ma meilleure amie que
j’avais perdue. À la maison, ça allait comme d’habitude : quelques fois,
je revenais de l’école et la police était chez moi et quelques fois, c’était
l’ambulance. En 2007, ma mère et mon beau-père ont été arrêtés par la police. Ma
mère a fait quatre mois de prison et deux mois de réinsertion sociale. Quand ma
mère était en prison, son ex-conjoint était rarement là pour s’occuper de moi
et de mon frère. Je me débrouillais pour manger, me laver et voir mes
grands-parents. Il pensait juste à lui, il se droguait, il partait toute la
journée. Bref, il n’était pas là.
À
l’école Notre-Dame de La Trinité, j'ai vécu mes premiers faux amours avec des
filles. Dans ces années-là, je me testais pour voir si j’aimais vraiment les
filles. Depuis que j’étais jeune, j’avais un doute sur mon orientation :
avec les filles, ça allait bien, mais il manquait toujours quelque chose que je
recherchais. Rendu à la Polyvalente, je me suis affirmé en tant que gai. Cela a
été très dur à avouer, car j’ai perdu plusieurs de mes amis.
En
2012, je décidai de me prendre en main, car je ne voulais pas avoir une vie
comme mes parents. Alors, je cherchai mes plus grands intérêts et passions :
j’aimais les arts, l’histoire, la géographie, le plein air, la musique, l’école,
j’aimais parler aux gens et lire. Après plusieurs questionnements, j’ai opté
pour l’histoire comme choix de vie. Puis j’ai découvert un lieu de travail
où je pourrais développer ma
passion : les musées. En août, je me suis inscrit au Centre Mgr. Beaudoin
pour terminer mes études et décrocher mon diplôme. Là-bas, j’ai peint l’un de
mes dessins pour l’école des adultes et j’ai exposé mes dessins au centre
culturel Marie-Fitzbach. Finalement, je vais entrer en août 2015, au Cégep
Montmorency, dans une technique en muséologie.
En 2014, il s’est passé beaucoup d’événements : j’ai reçu mon diagnostic pour un TDA (trouble d’attention), j'ai commencé à prendre du Ritalin et à obtenir plus d’aide à l’école. J'ai débuté mon bénévolat à la Société historique Sartigan. J'ai rencontré des gens pour obtenir de l’information sur du financement pour un musée. J'ai commencé un cours en lancement d’entreprise au centre professionnel Pozer.
Aujourd’hui,
je connais ma date de fin d’école et de mon début au cégep. J’ai déjà plus
d’avenir que mes parents. Je suis un jeune survivant de la pauvreté et de la
drogue.
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